EDITO DU CLAPOTIS N°61

Le chemin des souvenirs…                                       Juin 2011

Je me balade de méandre en méandre entre le pont de Piassac et le Pont de la Molle. Je me balade sur la rive droite, celle qui m’amène sur les souvenirs de mon enfance, celle sur laquelle j’ai si souvent tué le temps avec un bâton en forme de fusil, pêché vairons et goujons avec une canne en forme de bâton,  faucher les herbes avec une faux en forme de canne et joué au soldat avec une épée en forme de blessure…

Je poursuis mon chemin, regardant le lit de la rivière qui m’est resté familier. Les tapis de sable, les petites chutes, les grosses pierres sur lesquelles j’aimais à me poser écoutant voyager l’eau, «l’onde, ici l’onde».

Je me souviens des heures de solitude forcée, ces heures passées à attendre que vaches et chèvres paissent. Même la présence du chien, fidèle parmi les fidèles, compagnon sans faille, ne rendait pas souriant ces moments là.

Je remonte ensuite par le chemin, le pâturage,  le bois  et prends ainsi ce qui était toujours le chemin du retour. Je repense ici à celles et ceux avec qui j’avais parfois le bonheur de partager cette tache de « cowboy », je ne dirai pas ici tout ce que nous avons fait de défendu, ce que nous avons caché. Je ne le dirai pas car ce qui nous paraissait tellement grave n’est rien que du dérisoire, du futile. Je ne dirai pas que passant devant la maison de Gustou, je devenais bruyant pour que Paul m’entende et vienne me rejoindre.

Mais le troupeau n’est plus, la ferme n’est plus ferme et le défendu, si longtemps après, je ne peux plus l’avouer à mes parents… Ainsi est le chemin du retour.      

                                                                                           Maurice.BEYSSAC.