EDITO DU CLAPOTIS N° 64
Là où le train va… Mars 2012
Nous étions assis, l’un en face de l’autre, dans ce train, roulant dans une même direction, peut-être pour une même ville, la tête appuyée sur la vitre et le regard absorbé par un paysage en constant renouvellement. Une façon de ne pas penser, ou plutôt, de laisser filer nos pensées, au gré des vals et des monts, paysages qui dévalent pour chasser les démons, pensées qui défilent pour trouver des raisons.
Elle, paysage qui avance, moi, paysage qui recule, un même décor pour une perception différente. Le train ralentit, le sifflet retentit, le train dans la ville, la gare et sa vie, des gens sur le quai, on ne fait que passer.
Durant quelques instants, nos têtes ont quitté la vitre, quand le paysage est trop près, le recul est obligé, quand l’obstacle pointe son nez, le reflex est censé.
Durant quelques instants, nos regards se sont croisés, regards discrets, complices, amusés, sans arrière pensée.
Déjà la campagne revient, chacun retourne à ses rêves. Quelques gens passent dans le couloir, traversant notre indifférence.
Bien des rêves plus tard, le train s’arrête à nouveau, ma « dame de compagnie » se dirige vers la rue des Pirogues et moi je me dirige vers la Place des aviateurs. C’est ainsi, dans le même train, chacun voyage vers un ailleurs différent.
Maurice .BEYSSAC